Voilà quarante ans paraissait cette belle chanson éponyme d'un disque de Pauline Julien, empreinte d'une certaine tristesse dans le regard sur le temps passé. C’était en 1973, à l’été, je crois. Bien qu’à peine dans la vingtaine, et donc encore à bonne distance du milieu de ma vie,je fus aussitôt séduit par ce beau récit de vie, et surtout marqué par le deuxième hémistiche et ses points de suspension ouverts sur une question, ou plutôt le constat de la condition humaine : ne sommes-nous pas tous, peu importe l’âge, constamment « à la veille de…» ?
En
1973 Pauline Julien était dans la quarantaine, j'entrais dans la vingtaine, âge
où l’on se soucie généralement peu de la mort, laquelle est une affaire de
vieux; aujourd’hui, elle n’est plus, sauf dans la mémoire de quelques uns, et je
suis au seuil de la soixantaine, vieux en somme, et plus que jamais « à la
veille de… » dans la fragilité de l'instant qui passe.
Entretemps, les illusions peu à peu dissipées, de même que la foi un peu niaise de l'éducation religieuse de mon enfance, le dieu, qu'on me disait bon, reprenant sa place au rang des autres mythes, j'apprendrai que le passé m'échappera toujours et que seul compte le présent, car, contrairement à ce que la chanson nous dit, elles ne sont jamais disparues ni envolées nos années vécues, pour peu que nous saisissions l'importance du carpe diem latin.
Et d'écouter, de temps à autre la voix de Pauline Julien toujours si présente.
Et d'écouter, de temps à autre la voix de Pauline Julien toujours si présente.
Vous voilà devant moivous mes années vécuesenvolées disparuesau plus profond de moiet sur ma face mêmeinscrites ici et làje vous trouve à la tracedu doigt et du regardque suis-je devenuque serai-je demainau milieu de ma vie peut-être à la veille de...De ma main entrouvertej'offre et je cueille encoreil faudrait tout garderet ne rien retenirqu'en dites-vous amoursavez-vous un regardqui puisse me séduirem'offrez-vous des merveillesque je ne sache pasvous êtes si lointainesau milieu de ma vie peut-être à la veille de...il était une foisaujourd'hui c'est de mêmebruit de guerre bruit de mortdes jeunes gens en colèrequi meurent tout recommencel'oppression et la peuron marche dans les décombreson se couche dans la boueon rêve d'une maisonau milieu de ma vie peut-être à la veille de...voilà qu'il faut en riretous ces pleurs et ces crisles regards étonnésles désespoirs du petit jourtu l'auras oubliéle matin de tes nocesje m'en souviens toujoursje t'ai aimé, je t'aimepeut-être que je n't'aime pluson le saura demainau milieu de ma vie peut-être à la veille de...et j'en peux dire encoreet j'en peux dire toujoursj'ai déjà trop parléplus rien ne s'ra pareilj'opte pour le silencepour la bataille sourdeles coups bien camoufléspour la métamorphosed'une seconde vieou qui sait pour l'oubliau milieu de ma vie peut-être à la veille de...dire et tenter de savoircomment vivre et mourirau milieu de ma vie peut-être à la veille de...je m'endors et je rêve...
Paroles de Pauline Julien.
Musique de Gaston Brisson et Jacques Perron
©
Éditions Nicolas.
Tous
droits réservés.
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